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Crash d’avion au Congo : la malédiction des Grands-Lacs

Publié le par doyenmaliro

Y a-t-il un mauvais génie qui hante les rives du fleuve Congo? En tout cas, le mauvais sort qui s’acharne contre cette partie centrale de l’Afrique nous le fait penser. D'un côté, il y a la rébellion du M23 qui fait de la misère au régime de Kabila et, de l'autre, il y a eu l'explosion du dépôt de munitions de Brazzaville dans le quartier Mpila qui avait fait à l'époque plus de 238 morts. Comme les drames ont la peau dure, voici qu'une autre tragédie vient de s'abattre sur le pays de Denis Sassou Nguesso.


avion.jpgEn effet, le vendredi 30 novembre dernier dans la soirée, un avion de type Iliouchine T76 appartenant à la compagnie aérienne arménienne Rij Airways s'est écrasé à l’aéroport de Brazzaville. Il venait de rater son atterrissage, faisant trente-deux morts et au moins autant de blessés. Parmi les victimes, on compte non seulement les occupants de l'avion, mais également les habitants du quartier de La Poudrière, situé au bout de la piste d'où l'appareil est sorti pour s'écraser dans un ravin.

Si le cargo avait décollé sans difficulté de la ville de Pointe-Noire en fin d’après-midi avec à son bord des voitures et d'autres marchandises pour le compte de la compagnie locale Aéro-services, il sera surpris par un orage à l’atterrissage, puis, enflammera.

Les intempéries sont-elles les seules raisons de ce crash ou bien la malédiction des Iliouchine y serait-elle pour quelque chose ? On se rappelle qu'en mai 2003 un avion du même fabriquant russe, assurant la liaison Kinshasa-Lubumbashi (Sud-Est de la RD Congo), avait perdu sa portière, et quelque 160 passagers sur les 200 avaient été projetés dans le vide en plein vol au-dessus des provinces du Kasaï. Il y a eu également, de par le passé, le crash d’un Iliouchine-76 à destination d’Irkoutsk (en Russie) qui avait parcouru un peu plus d’un kilomètre avant de retomber sur le sol pour des raisons inconnues.

Cet accident vient endeuiller le continent déjà soumis aux multiples crashs que l’on a enregistrés depuis le début de l’année. Plusieurs raisons expliquent cela : d’abord, les parcs d’avions sont souvent vieux, avec des appareils retapés et relookés plus d’une fois. Nous l’avons d’ailleurs déjà écrit ; à la vétusté des appareils il faut ajouter le manque d'entretien ou l'entretien souvent approximatif et même quelquefois la qualification du personnel navigant (in l’Obs. du 5 juin 2012). Et que dire de certains équipements techniques, indispensables à la bonne navigation aérienne, qui ne répondent plus aux normes requises par l’Organisation de l’Aviation civile (OACI).

Ce qu'il faut aussi condamner, c'est l'indiscipline chronique des passagers. Autant de facteurs qui transforment nombre d'appareils en cercueils volants. Si en plus de tous ces griefs, il s'agit d'appareils en fin de vie comme les Iliouchines qui ne peuvent voler qu'en Afrique, il y a comme une sorte de faute de tous les acteurs, et quand les accidents surviennent, on ne fait que s'apitoyer sur notre sort. C’est le temps pour nos autorités de se départir des connexions mafieuses dans la gestion de certaines pseudo-compagnies. L'à-peu-près et la débrouillardise ne doivent plus être érigés en mode de gouvernement, car le domaine aéronautique ne rime pas avec improvisation mais plutôt avec professionnalisme où tout doit être réglé comme du papier à musique et pointilleux comme un bénédictin.



Kader Traoré

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