Des ONG plaident pour que l’exploitation du pétrole profite « réellement » à la population

Comme dans plusieurs pays africains où l’on exploite le pétrole, les quantités du pétrole exploitées  et vendues ne sont pas connues du grand public, telle est la conclusion à laquelle des ONG de défense de droits de l’homme, réunies jeudi à Kinshasa,  sont parvenues.

Ces organisations de défense des droits de l’homme plaident  donc pour une meilleure utilisation des recettes générées par l’exploitation du pétrole en RDC. C’était au cours d’un atelier organisé, jeudi 21 février à Kinshasa,  souhaitant  que les populations habitant les villages environnant les sites d’exploitation du pétrole puissent au moins bénéficier  « réellement de la manne pétrolière ».

En outre, ces ONG exigent également aux entreprises pétrolières de prendre en compte le respect de l’écosystème et surtout de rendre publiques les statistiques de leurs productions et de vente, en vue de laver tous les soupçons qui pèsent sur elles.

Les défenseurs des droits de l’homme ont notamment regretté que les habitants du Bas-Congo ne profitent pas de l’exploitation du pétrole dans cette province.

Ils se sont également dits opposés à l’exploitation du pétrole dans le parc des Virunga au Nord-Kivu, où ne cessent de se bousculer des sociétés étrangères qui n’ont d’yeux que pour leurs profits.

« Les activités pétrolières [dans ce parc] entrent en conflit avec la loi forestière qui interdit toute activité humaine dans une aire protégée », a affirmé Floribert Masani, un activiste des droits de l’homme.

Selon lui, « les activités pétrolières dans le parc des Virunga vont polluer non seulement  le lac Edouard qui traverse le parc des Virunga et est la seule ressource de revenus pour  la population riveraine », mais aussi tout l’environnement du parc avec comme conséquence la disparition de certaines espèces animales et florales du parc.

Par contre, pour le député Muhindo Nzangi, élu du Nord-Kivu, qui a également pris part à l’atelier, on ne doit pas interdire l’exploitation du pétrole dans le parc Virunga.

« J’encourage les investissements dans le domaine du pétrole. Mais nous devons réfléchir comment garantir une exploitation propre avec une pollution moindre et qui profite à la population locale », a-t-il indiqué.

« Nous nous plaignons de manquer de moyens, de budget conséquent. Cet argent, nous ne pouvons l’avoir que lorsque nous aurons une politique efficace de production de nos ressources minières et pétrolières », a-t-il assuré, ajoutant que les ONG ont raison d’alerter l’opinion sur les questions de pollution.

L’exploitation du pétrole dans le parc des Virunga a été octroyée à l’entreprise Soco international dont les responsables affirment vouloir protéger la biodiversité du lac Edouard.

« Soco n’est pas partisane de la destruction de la biodiversité. L’exploitation du pétrole, ce n’est pas comme les gens pensent qu’on va creuser un grand puits dans le lac Edouard et le pétrole va commencer à flotter détruisant le poisson », avait déclaré à Radio Okapi en juin 2012 le chargé de sensibilisation de l’entreprise Soco en RDC, précisant que l’exploitation pétrolière se fera sur la terre ferme et pas dans les eaux du lac.

L’exploration et l’exploitation du pétrole dans le parc des  Virunga butent à des résistances depuis la signature de l’ordonnance présidentielle accordant l’exploration et la production du pétrole dans le bloc 5 du rift albertin à l’entreprise Soco international en juin 2010.