Kampala : pourparlers entre le gouvernement congolais et le M23, Museveni présente son projet d'Accord aujourd'hui
Mais, le M23 exige l'amnistie totale avant la signature d'un quelconque document.
Sauf imprévu, c'est aujourd'hui mardi 15 octobre que le Médiateur des négociations de Kampala, le Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni convoque la première plénière qui regroupera les deux parties depuis le lancement de cet énième round des pourparlers entre le Gouvernement congolais et les rebelles du M23. Le Médiateur a promis de présenter un projet d'accord sur lequel vont discuter les deux parties. Personne ne connaît encore la substance audit document.
Mais, curieusement hier, le rebelle René Abandi, chef de la délégation du M23 à Kampala, a fait savoir à la presse que son Mouvement ne signerait aucun document de quelque nature que ce soit s'il n'obtient pas d'abord du Gouvernement congolais l'amnistie totale pour tous les membres du M23.
AMNISTIE TOTALE
Ce n'est pas tout. Au même moment, à Bunangana, " capitale " de leur républiquette de Rutshuru, le colonel Kazarama, porte-parole militaire du M23 exige, l'intégration de tous les rebelles dans les Fardc. Le M23 continue à poser les deux exigences sur lesquelles les divergences persistent avec le Gouvernement.
A ce jour, il les pose comme préalable à toute signature d'un Accord de paix. Ce qui veut dire en d'autres termes, que l'amnistie et l'intégration doivent figurer en bonne place dans tout texte d'accord. Ces exigences des rebelles du M23 sont les mêmes que celles que le Médiateur a toujours fait valoir en leur faveur. Il ne l'a pas caché.
Plusieurs fois, le Président ougandais a exigé l'amnistie en bloc pour le M23. Il avait piqué une sainte colère lorsque le Gouvernement avait publié la liste de quelque 90 rebelles inéligibles à l'amnistie. Museveni ne veut pas de cette liste. Pas étonnant donc que les rebelles posent comme préalable à toute signature d'un accord de paix, l'amnistie totale et l'intégration, ce qui constitue les desiderata de leur parrain Kaguta Museveni.
Ces positions des leaders rebelles montrent qu'on est encore loin, bien loin du compte. La paix au Nord-Kivu n'est pas pour demain. Tous ces préalables sont un indice d'une volonté mal dissimulée de la reprise de la guerre dans le chef du M23.
La semaine dernière, la Monusco a accusé les rebelles d'avoir bénéficié d'un renforcement de leur armement sans toutefois dire un seul mot sur leur provenance. Au Nord-Kivu, la population voit chaque jour des Rwandais débarquer dans le périmètre attenant au territoire sous contrôle du M23.
C'est le renforcement en hommes du M23 avant la reprise de la guerre. D'autre part, il y a eu l'arrivée des familles soi-disant des refugiés congolais venant de Tanzanie, mais que la population considère comme des gens venant renforcer les lignes du M23. Personne ne connait leur nombre.
Tous ces signes montrent que le M23 ne veut pas lâcher du lest. Le territoire qu'il contrôle est trop juteux pour qu'il s'avise à l'abandonner en signant un Accord de paix à Kampala. D'où, ses exigences démesurées d'amnistie en bloc avant toute signature.
500 MILLIONS USD D'OR
C'est une Ong internationale dénommée "Projet ENOUGH " qui est spécialisée dans l'exploitation de l'or du sang dans l'Est de la RDC. Après des enquêtes fouillées par ses fins limiers au Nord-Kivu, l'Ong vient de publier un rapport accablant contre le M23. Mais, il ne concerne que l'or. Le mouvement rebelle l'exploite et le produit et l'exporte par l'Ouganda à concurrence de 500 millions Usd par an.
C'est cette cagnotte qui lui permet de financer ses croisades militaires. 500 millions Usd d'or transitant par l'Ouganda pour les Emirats arabes unis, il s’agit de " Projet ENOUGH " qui l'écrit noir sur blanc citant comme tête de pont de ce trafic d'or du sang du Nord-Kivu, Sultani Makenga le chef militaire du M23.
On comprend dès lors les atermoiements autour de la fin de la guerre dans l’Est et les raisons du soutien extérieur au M23 à la table des négociations. La paix au Nord-Kivu signifie la perte de ces 500 millions Usd d'or exportés illégalement par le M23 par l'Ouganda.
Pour une solution politique, les Congolais devront plutôt attendre la présidence en décembre de la CIRGL par le Président angolais Jose Edouardo dos Santos pour faire valoir l'approche de la SADC dans la guerre de l'Est de la RDC. En dehors de ce changement à la présidence de la CIRGL, on continuera à tourner en rond.
Kandolo M.
Kinshasa, 15/10/2013 (Forum des As / MCN, via mediacongo.net)